L’épave de l’ATR d’Aseman Airlines disparu dimanche dans le sud-ouest de l’Iran avec 66 personnes à bord, a finalement été localisée hier par un hélicoptère sur les flancs du Mont Dena. Aucun survivant n’a été retrouvé, et le terrain comme le mauvais temps empêchent tout atterrissage, rendant l’évacuation des corps longue et dangereuse.
Repérés le 20 février 2018 à la faveur d’une éclaircie par un des quelque 60 hélicoptères participant aux recherches, les débris de l’ATR 72-200 ont été atteints par des secouristes dont certains hélitreuillés sur place, à environ 4000 mètres d’altitude sur les pentes du Mont Dena. 45 corps auraient été retrouvés et seraient préparés pour évacuation, annonçait la nuit dernière la télévision d’état, la plupart des débris étant enfouis sous la neige, à une trentaine de mètres sous un sommet qui aurait été heurté par l’avion. Seuls des « alpinistes professionnels et entraînés » peuvent s’approcher de l’avion, souligne Ali Abedzadeh, chef de l’Organisation de l’aviation civile, à la télévision publique. Les corps doivent être « portés à bout de bras jusqu’au pied de la montagne, ce qui prendra du temps », d’après le directeur du centre médical régional Ghafoor Rastinrouz, l’atterrissage des hélicoptères près de la zone du crash étant impossible en raison des vents violents et de « crevasses profondes et dangereuses ».
L’agence Irna rapporte aussi ne déclaration de Mansour Shishefuroosh, directeur d’un centre régional de crise, selon qui « grâce à la coordination avec les guides locaux » toutes les crevasses ont été fouillées, « fournissant d’importantes informations pour affiner les recherches ». Les équipes de secouristes resteront sur place cette nuit « et nous essaierons d’augmenter le nombre d’équipes demain, même si c’est très difficile », a ajouté Shahin Fathi du Croissant-Rouge iranien, le mauvais temps devant se prolonger ce mercredi.
Les 59 ou 60 passagers (le total varie selon les sources), deux pilotes, deux PNC et deux agents de sécurité présents à bord de l’avion d’Aseman Airlines sont présumés morts. Le vol EP3704 devant relier l’aéroport de Téhéran-Mehrabad à celui Yasouj avait décollé peu après 8h00 dimanche, disparaissant des écrans radar après 45 minutes de vol à une vingtaine de kilomètres de sa destination.
Le BEA français a annoncé l’envoi de trois enquêteurs et conseillers techniques pour praticiper à l’enquête menée par les autorités iraniennes. L’ATR 72-200, immatriculé EP-ATS et construit en octobre 1993, avait rejoint la flotte d’Aseman Airlines deux mois plus tard et n’avait jamais connu d’incident grave selon la compagnie. Elle en opère trois autres ainsi que deux 72-500, tous âgés de plus de vingt ans et aménagés pour accueillir 70 passagers. La levée de l’embargo américain en 2015 lui a permis de commander trente Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 livrables à partir de 2019, une commande finalisée en juin dernier. Sa flotte compte aussi six Airbus A320, un A340-300, six ATR 72, trois Boeing 727 (plus un en version cargo) et sept Fokker 100.
Aseman Airlines avait déjà connu un accident mortel en octobre 1994 quand un Fokker F28 reliant Ispahan à Téhéran s’était écrasé, tuant les 59 passagers et sept membres d’équipage à bord. Elle figure sur la liste noire européenne depuis fin 2016. Le dernier accident grave d’un avion civil en Iran remonte à 2014, quand 39 personnes avaient été tuées dans le crash d’un Antonov 140 de la compagnie iranienne Sepahan Airlines, peu après son décollage de la capitale. (Air Journal, photo : Aseman Airlines)