Qatar Airways vise 10% du capital d’American Airlines

La compagnie aérienne Qatar Airways veut faire un investissement significatif dans American Airlines, qui ne lui avait rien demandé. Elle vise à terme 10% de son capital, dans une opération semblant démontrer que ses réserves financières ne sont pas atteintes par la crise diplomatique du Golfe.

La première compagnie américaine a précisé le 22 juin 2017 dans une note aux autorités boursières de New York (la SEC) que l’investissement évalué à 808 millions de dollars « que se propose de réaliser Qatar Airways n’a pas été sollicité par American Airlines, et ne changera en rien la composition, la gouvernance, la direction ou l’orientation stratégique du Conseil d’administration de la Société ». La compagnie nationale qatarie achèterait les actions sur le marché ouvert au Nasdaq, et si elle arrivait à ses fins deviendrait de fait l’un des plus importants actionnaires. American Airlines souligne que ses statuts interdisent à tout investisseur d’acquérir 4,75% ou plus de son capital disponible sans l’accord préalable du Conseil d’administration ; elle n’a en outre reçu aucune déclaration écrite de Qatar Airways. Et elle rappelle au passage que les lois américaines interdisent aux investisseurs étrangers de détenir plus de 24,9% des droits de vote d’une compagnie des États-Unis.

Qatar Airways a de son côté expliqué que si l’opération se réalise, elle compte être un actionnaire passif : elle déclare dans un communiqué qu’elle « croit aux fondamentaux d’American Airlines, et a l’intention de construire une position passive dans l’entreprise sans implication dans la gestion, les opérations ou la gouvernance ». Elle souligne avoir longtemps considéré le transporteur américain comme « un bon partenaire » dans l’alliance Oneworld, et « attend avec impatience de poursuivre cette relation ». Qatar Airways prévoit d’investir jusqu’à 4,75% du capital, et ne dépassera pas ce seuil « sans le consentement préalable du conseil d’administration ». Elle compte déposer tous les documents réglementaires nécessaires « au moment opportun ». Les 10% du capital auraient été évoqués lors d’une discussion entre les CEO des deux compagnies.

Si Qatar Airways et American Airlines sont partenaires d’alliance, elles sont aussi ennemies dans le conflit opposant les compagnies américaines à celles du Golfe. AA précise d’ailleurs que cet investissement non sollicité « ne modifie pas la conviction d’American Airlines qu’il est nécessaire de faire respecter les accords de Ciel ouvert avec les Émirats Arabes Unis et le Qatar, en assurant une concurrence loyale avec les transporteurs du Golfe y compris Qatar Airways. American Airlines continue de croire que le président des États-Unis et son administration agiront auprès des gouvernements étrangers pour qu’ils mettent fin aux subventions massives à des transporteurs qui menacent l’industrie américaine du transport aérien et les emplois américains ».

Le PDG de Qatar Airways Akbar Al Baker, présent au Salon du Bourget, a répété que la crise diplomatique du Golfe pas plus que l’interdiction de l’électronique en cabine pour sa compagnie entre autres ne changera rien à sa volonté d’ouvrir de nouvelles routes et de commander de nouveaux avions – même s’il reconnait que le coût financier est très important. Il a critiqué l’OACI et les USA pour leur absence de dénonciation du blocus aérien imposé au Qatar par ses voisins, « une grossière violation des lois internationales ». L’investissement dans American Airlines n’est qu’une étape de plus dans sa stratégie, qui l’a vu devenir acitonnaire du groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling) à hauteur de 20% ou du LATAM Airlines Group en Amérique latine (10%), sans oublier l’acquisition en cours de 49% du capital de Meridiana. (Air Journal, photo : montage)