A quoi ressembleront les métiers du contrôle aérien en 2050? C’est l’une des questions adressées par le projet STRESS, financé par le programme SESAR. Retour sur une collaboration européenne centrée sur la neuroergonomie et l’approche métier du contrôle aérien avec Jean-Paul Imbert et Géraud Granger, Ingénieurs de recherche en Interactions Homme-Systèmes et Facteurs Humains à l’ENAC.
Le métier de contrôleur aérien est amené à évoluer rapidement, tant dans ses tâches que dans son rôle, notamment avec l’avènement de systèmes hautement automatisés. Ces derniers sont mis en place afin d’aider les contrôleurs à faire face à l’augmentation du volume et de la complexité du trafic aérien.
Il est essentiel d’améliorer notre compréhension des réponses de l’humain à l’évolution de son rôle, de mieux comprendre l’impact d’une automatisation accrue sur ses performances. Ainsi, nous pouvons préparer l’accompagnement des opérateurs dans ces évolutions et mieux les aider à anticiper et à gérer des perturbations, parfois inattendues, du système.
L’objectif principal du projet STRESS est d’acquérir les connaissances permettant de concevoir au mieux les technologies qui seront utilisées par les contrôleurs afin de gérer le trafic aérien du futur. Plus précisément, le projet nous donnera les lignes directrices à suivre pour concevoir des systèmes compatibles avec les capacités cognitives et les limites humaines, afin de trouver le juste équilibre entre l’humain et l’automatisation.
Basés sur des scénarios futuristes, nous étudions facteurs humains sur des contrôleurs aériens en situation réelle, grâce à nos simulateurs de contrôle aérien immersifs. Nous mesurons les réactions des contrôleurs à l’aide d’outils de mesure neurophysiologique utilisant l’électroencéphalographie (EEG), des technologies de l’eye-tracking, et le monitoring de données physiologiques telles que la fréquence cardiaque ou la conductance cutanée.
Cette approche holistique et innovante nous aide à brosser le tableau complet de la réaction des contrôleurs aériens et de leur adaptation à de nouveaux environnements de travail. La position de travail du laboratoire ACHIL (Aeronautical Computer Human Interaction Lab) de l’ENAC nous permet d’adresser tous les niveaux d’automatisation, y compris le plus élevé. Dans ce dernier, les automates au sol interagissent directement avec les avions pour résoudre les conflits avant qu’ils ne se produisent.
STRESS est avant tout un projet partenarial passionnant, où chacun apporte son expertise. En effet, le projet réunit 5 partenaires issus de 4 pays (Italie, France, Turquie et Belgique). Chacun d’entre eux apporte une expertise unique : une solide compréhension des facteurs humains (Deep Blue), une expertise dans l’utilisation des mesures neurophysiologiques (Université de Sapienza), une expertise métier de haut niveau dans le contrôle aérien (ENAC et Université d’Anadolu) et une vue d’ensemble stratégique pour le développement de ces sujets dans les années à venir (EUROCONTROL). (ENAC)