En ce quatrième jour de grève en six semaines, la compagnie aérienne Air France estime pouvoir maintenir 75% de son programme de vol, dont 70% de ses vols long-courriers, 67% de ses vols moyen-courriers au départ et vers l’aéroport de Paris-CDG, et 85% de ses vols court-courriers à Paris-Orly et en province.
Pour la journée du mardi 3 avril 2018, l’impact de la grève lancée à l’appel de onze syndicats tous corps de métiers confondus devrait être similaire aux deux jours de grève précédents. Seuls les vols AF opérés par ses avions ou ceux de Joon sont concernés par la grève, pas ceux de la filiale régionale HOP! ni ceux opérés en partage de codes par d’autres compagnies (KLM, Delta Air Lines etc.). Air France affiche un taux de grévistes « sur les salariés engagés et soumis à la loi Diard » estimé à 32,8% des pilotes, 20,5% des personnels navigants commerciaux (hôtesses de l’air et stewards) et 14,5% des personnels au sol. Comme lors des précédentes grèves, des perturbations et des retards ne sont pas à exclure.
Air France « regrette cette situation et met tout en œuvre pour limiter les désagréments que cette grève pourrait occasionner à ses clients ». Elle invite ses clients à vérifier sur www.airfrance.com si leur vol est opéré avant de se présenter à l’aéroport. Les vols affichés comme maintenus pour la journée du mardi 03 avril opèreront ; près de 130.000 messages ont été envoyés depuis le 31 mars pour informer individuellement et en temps réel les clients devant voyager lors de cette journée. Les mesures commerciales habituelles, dont la modification de réservation sans frais quel que soit la classe de voyage ou l’avoir valable pendant un an, ont été mises en place.
L’intersyndicale, regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, a été rejointe par l’UNAC. Ils réclament toujours une augmentation de salaire de 6% (et 10,7% pour les pilotes) pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années, et ont rejeté la proposition de la direction sur un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation.
Rappelons que les augmentations décidées par Air France pour 2018 (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représente en outre quelque 130 millions d’euros selon le Directeur général Franck Terner, ce qui « avec le déblocage des grilles de rémunérations et diverses autres mesures » coûterait 200 millions d’euros à la compagnie. Air France avait chiffré à 240 millions d’euros le prix de l’augmentation générale demandée, soit 40% du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagé en 2017.
Les trois précédentes grèves, vendredi dernier, le 23 mars et le 22 février, avaient entrainé des annulations de vols similaires. Un autre arrêt de travail est prévu samedi prochain, et deux nouvelles journées de grève ont été annoncées pour le 10 et le 11 avril. (Air Journal)