L’intersyndicale représentant tous les corps de métiers de la compagnie aérienne Air France a appelé hier à deux jours de grève supplémentaires, le mardi 3 avril et le samedi 7 avril, en plus de celle prévue vendredi 30 mars et des deux menées la semaine dernière et en février. La réunion avec la direction prévue aujourd’hui s’annonce mal.
« Nous allons durcir le mouvement », prévient un tract diffusé le 26 mars 2018 par l’intersyndicale qui regroupe trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant 52,6% des voix du personnel – et a été rejointe par l’UNAC dans l’appel à la grève. Ils demandent toujours une augmentation de salaire de 6% (voire 10% pour les pilotes), ou de 200 euros par mois pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années, et ont rejeté la semaine dernière la proposition de la direction sur un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation. Le jour choisi pour le premier des deux nouveaux jours de grève correspond au début de la grève de la SNCF, alors que les mouvements étaient décalés la semaine dernière. Le tract détaille par ailleurs les effets de la grève du 23 mars, affirmant que plus de 56% des vols ont été affectés dont « 42% des vols LC annulés ou affrétés et 59% des vols MC annulés ou affrétés » ; ce qui « n’est pas suffisant » pour une direction d’Air France qui « n’apporte aucune réponse concrète à nos revendications », « campe sur ses positions et cherche la division ». Pour l’intersyndicale, cette tentative « n’aboutira pas ».
Air France, qui a déploré les nouveaux préavis de grève annoncés hier, avait estimé qu’un quart de ses vols avaient annulés vendredi dernier, soit presque le même effet lors de la précédente grève en février – qui aurait coûté 26 millions d’euros. Pour la compagnie aérienne, l’augmentation générale demandée par les onze syndicats représenterait 240 millions d’euros – soit 40% du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagé en 2017. Et elle affirme qu’avec son mécanisme d’ajustement salarial, « aucun salarié » n’aura vu son pouvoir d’achat diminuer entre 2011 et 2017. Les augmentations décidées pour 2018 (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représentera en outre quelque 140 millions d’euros.
Une réunion est toujours prévue ce mardi entre la direction et les deux principaux syndicats de pilotes, tandis que l’intersyndicale sera reçue mercredi, pour trouver « les moyens de favoriser la croissance d’Air France, en vue d’un accord gagnant-gagnant, favorable aux pilotes comme à l’ensemble des salariés ». (Air Journal)