La compagnie aérienne Ethiopian Airlines a arrêté les négociations avec le gouvernement du Nigeria pour reprendre Arik Air, en grande difficultés financières. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne s’impliquera pas dans son sauvetage.
La compagnie nationale éthiopienne avait confirmé à la rentrée des discussions avec le gouvernement du Nigeria, qui avait lancé un appel d’offres pour prendre la gestion de la compagnie basée à l’aéroport de Lagos-Murtala Muhammed. Arik Air est contrôlée par l’Etat depuis février dernier, par le biais de l’Asset Management Corporation (AMCON), créé en 2010 pour résoudre la dette bancaire du pays. Mais les négociations avec l’AMCON ont été rompues « en raison de complications financières et juridiques », a déclaré le 26 décembre 2017 dans AIN le PDG du groupe Ethiopian Airlines Tewolde Gebremariam. Sans pour autant signaler l’abandon de tout intérêt dans le projet : il évoque en effet des initiatives en cours, dont une menée par le gouvernement nigérian avec Lufthansa Consulting Services pour laquelle « nous avons soumis une manifestation d’intérêt ». La possibilité de travailler « avec des transporteurs privés au Nigeria » est également envisagée, ajoute le dirigeant.
Gebelariam rappelle au passage une situation similaire dans un autre pays, la Zambie, où Ethiopian Airlines a été choisie comme partenaire stratégique pour la relance de la compagnie nationale Zambia Airways : « le gouvernement zambien a l’intention de faire un investissement initial et de posséder 55% de la nouvelle compagnie aérienne, tandis qu’Ethiopian détiendrait une participation de 45% », a-t-il précisé. Et au Ghana, la compagnie de Star Alliance fait partie des trois retenues (avec Air Mauritius et Africa World Air-AWA) pour l’établissement d’une nouvelle compagnie nationale.
Sur le fond, le PDG d’Ethiopian Airlines estime que les compagnies aériennes africaines « devraient collaborer pour résister à la forte concurrence des « grands transporteurs » internationaux », qui accueillent désormais 80% du trafic passagers entre l’Afrique et le reste du monde. Dans les années 1990, ces compagnies africaines « avaient une part de marché de 40% », rappelle-t-il avant de prévenir que sans changement des comportements sur le continent, « il n’y aura plus de compagnies locales dans dix ans ».
Arik Air a particulièrement été affectée par les problèmes d’approvisionnement dans les aéroports du Nigeria, mais aussi par son non-respect des règles de sécurité, des retards de paiement de ses salariés et l’impossibilité de payer les loyers de ses avions. Lors de sa reprise en main par le gouvernement, elle affichait 402 millions de dollars de prêts non remboursés. Mais l’annonce de l’implication d’Ethiopian Airlines dans sa reprise avait déclenché des appels au patriotisme et la colère des actionnaires, l’ancien vice-président d’Arik Air Anietie Okon se distinguant en expliquant ne pas être étonné « puisqu’Ethiopian Airlines a l’objectif commercial de dominer l’Afrique ». (Air Journal, photo : Ethiopian)