Après des années d’études, l’avionneur européen Airbus a décidé d’équiper certains de ses appareils d’enregistreurs éjectables, une première mondiale dans l’aviation commerciale. Baptisé simplement ADFR pour Automatic Deployable Flight Recorder, ce système va progressivement équiper tous les nouveaux appareils Airbus pouvant potentiellement assurer des vols transocéaniques : d’abord l’A350 à partir de 2019, puis l’A380, A330 et bien sûr le nouvel A321LR.
Cette mesure vient en effet répondre à la difficulté de pouvoir récupérer rapidement les actuels enregistreurs CVR (Cockpit Voice Recorder) et FDR (Flight Data Recorder) lors des opérations de recherche de l’épave après une catastrophe aérienne survenue en mer. On se souvient par exemple qu’il avait fallu plus de deux ans pour retrouver les enregistreurs du Rio-Paris, compte tenu des difficultés à pouvoir détecter les signaux émis par les ULB des enregistreurs par grande profondeur et dans une zone présentant un relief important, sans oublier évidemment le MH370. Certes, la réglementation régissant les enregistreurs a bien évolué, avec des nouveaux ULB disposant désormais d’une autonomie de 90 jours, contre 30 jours avant 2016, mais elle ne sera de toute façon pas suffisante dans certains cas.
Les nouveaux enregistreurs qui viendront désormais équiper les appareils long-courriers d’Airbus seront toujours au nombre de deux, mais ils assureront chacun les rôles combinés des CVR et FDR. Ils accueilleront chacun 25 heures d’enregistrement. Il suffira donc de récupérer un seul de ces enregistreurs pour avoir accès à l’intégralité des données sonores et les paramètres de vol. Le CVDR (Cockpit Voice and Data Recorder) fixe, sera logé en baie avionique à l’avant de l’appareil, l’autre, l’ADFR sera éjectable et situé à peu près à mi-hauteur du stabilisateur vertical, sur l’une de ses surfaces.
Airbus a bien sûr indiqué que le système d’éjection de l’ADFR ne comprendra pas de dispositif pyrotechnique. L’ADFR, flottante, sera localisable grâce au couplage d’une balise ELT intégrée. À noter également que l’éjection de l’enregistreur se fera grâce à l’intégration de deux circuits de détection de déformation de structure sur l’appareil ou par un système de détection hydrostatique.
Le CVDR sera fourni par L3 qui sera également l’intégrateur, au côté de l’avionneur de l’AFDR qui sera quant à lui conçu et produit par DRS Technologies Canada Ltd. (une société DRS Leonardo). À noter enfin que l’ensemble du reste de la gamme Airbus passera aussi aux enregistreurs CVDR, assurant une redondance supplémentaire au niveau des enregistrements. (Journal de l’Aviation, photo : Airbus)