La compagnie aérienne Qatar Airways organise des vols charter pour rapatrier ses passagers depuis Djeddah après la rupture des relations diplomatiques entre Doha et l’Arabie Saoudite, qui vient en outre de lui retirer sa licence. Royal Air Maroc précise qu’elle ne propose plus de vols vers les pays concernés par la crise diplomatique via Doha.
Alors que la Mauritanie a rejoint l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, l’Egypte, le Yémen, la Libye et les Maldives dans la liste des pays ayant rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, la Jordanie réduisant le niveau de sa représentation, la compagnie nationale qatarie a entrepris le 6 juin 2017 de rapatrier ses passagers. Trois vols charter ont été organisés mardi avec Oman Air entre l’aéroport de Djeddah-King Abdulaziz et Mascate, puis vers Doha, le dernier décollant vers 23h00 la nuit dernière. Après les interdictions de vol annoncées lundi, Qatar Airways a appris hier le retrait de sa licence d’opérateur par la direction de l’aviation civile saoudienne, ses bureaux dans le pays devant être fermé dans les prochaines heures. Les employés de la compagnie aérienne vont en outre perdre leurs permis de travail et de séjour dans le royaume. Quelques heures plus tard, le Bahreïn annonçait à son tour des mesures similaires.
Royal Air Maroc a de son côté précisé hier qu’elle maintenait ses vols entre Casablanca et Doha, mais ne proposait plus les continuations vers les pays ayant annulés leurs liaisons aériennes avec le Qatar. Les vols directs de la RAM vers l’Egypte ou l’Arabie Saoudite ne sont pas affectés.
Si la crise diplomatique se prolonge dans le Golfe, les analystes de Frost and Sullivan estiment que Qatar Airways pourrait à terme perdre environ 250 millions de dollars sur l’année, via l’annulation des vols directs mais aussi le re-routage des vols traversant les espaces aériens désormais interdits dans la région – en particulier l’Arabie Saoudite voisine, qui oblige ses avions venant de ou allant vers l’ouest à survoler l’Iran. Les vols annulés chaque jour ne représentent cependant pour l’instant que 10% de son programme de vol. Mais les mêmes analystes soulignent que les Emirates Airlines et autres Etihad Airways seront également affectées : la première par exemple déployait un Airbus A380 sur certaines rotations entre Dubaï et Doha.
Lors de l’assemblée générale de l’IATA à Cancun, le PDG Alexandre de Juniac a appelé à la restauration des liaisons aériennes avec Doha « le plus vite possible ». On rappellera le poids de Qatar Airways dans l’aviation : si elle n’a transporté que 26 millions de passagers l’année dernière, elle possède aussi 20% du capital du groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling, LEVEL), et attend la livraison de près de 220 Airbus et Boeing, y compris 67 A350XWB et 80 777X. (Air Journal, photo : Qatar Airways)