La compagnie aérienne Air France prévoit d’assurer aujourd’hui 76% de son programme de vols, y compris 80% des vols long-courriers à Paris-CDG, en ce troisième jour de grève organisé par onze syndicats réclamant une augmentation de salaire générale de 6%. Le programme des vols HOP! est maintenu pour la journée du 30 mars, des perturbations sont cependant à prévoir.
Les prévisions de trafic de la compagnie nationale française ce 30 mars 2018 sont peu ou prou les mêmes que pour les deux précédentes journées de grève, vendredi dernier et le 22 février. Seuls les vols AF opérés par des avions Air France ou Joon sont concernés par la grève, pas ceux de la filiale régionale HOP! ni ceux opérés en partage de codes par d’autres compagnies (KLM, Delta Air Lines etc.). Sur le moyen-courrier, 70% de ses vols moyen-courriers au départ et vers Paris-Charles de Gaulle sont confirmés, et 80% de ses vols court-courriers dans les aéroports de Paris-Orly et de province. Le programme long-courrier sera lui assuré à 80%, Air France soulignant que dans tous les cas des perturbations et retards ne sont pas à exclure ; les passagers sont invités à vérifier l’état de leur vol avant de se rendre à l’aéroport. Comme d’habitude, la compagnie a déclaré que ses équipes sont mobilisées pour informer et assister les passagers, et ouvert des mesures commerciales. Près de 150.000 messages ont été envoyés depuis le 27 mars pour informer individuellement et en temps réel les clients devant voyager lors de cette journée.
Air France affiche un taux de grévistes « sur les salariés engagés et soumis à la loi Diard » estimé à 31,6 % des pilotes ; 28,3 % des personnels navigants commerciaux ; et 20,4 % des personnels au sol. Des chiffres qui seront probablement contestés par les onze organisations à l’origine de cette troisième grève en cinq semaines, l’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC.
Une nouvelle réunion hier entre les deux principaux syndicats de pilotes et la direction d’Air France s’est terminée après 40 minutes selon le SPAF, son président Grégoire Aplincourt expliquant sur Europe 1 qu’au 3eme jour de négociations, « on n’a toujours pas abordé nos demandes ». Philippe Evain du SNPL Air France évoque même un climat « électrique » dans Le Monde, qui révèle que le président de la compagnie Jean-Marc Janaillac a écrit deux lettres différentes aux pilotes et aux PNC : aux premiers, il explique que « même si nos marges de manœuvre sont encore très faibles, j’ai entendu les demandes de vos représentants », tandis qu’il déclare aux hôtesses de l’air et stewards qu’Air France doit « continuer la transformation engagée dans tous les domaines, réduire nos coûts, augmenter nos recettes, améliorer encore notre réseau ». Cette apparente tentative de division entre les corps de métiers n’a pour l’instant pas eu d’effet : les syndicats ont déjà appelé à deux jours de grève supplémentaires, le 3 et le 7 avril.
Rappelons que les syndicats demandent toujours une augmentation de salaire de 6% (et 10,7% pour les pilotes) pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années, et ont rejeté la proposition de la direction sur un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation. Les augmentations décidées par Air France pour 2018 (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT, représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représente en outre quelque 130 millions d’euros selon le Directeur général Franck Terner interrogé par Le Parisien, ce qui « avec le déblocage des grilles de rémunérations et diverses autres mesures » coûte déjà 200 millions d’euros à la compagnie. Air France avait chiffré à 240 millions d’euros le prix de l’augmentation générale demandée, soit 40% du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagés l’année dernière. (Air Journal)